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l’Algérie et la Tunisie sont, contrairement à l’opinion courante, des pays de tectonique très compliquée. Toutes ces prédictions se sont réalisées à la lettre. Le Trias a, dans l’Afrique du Nord, un énorme développement ; et, comme il vient indifféremment au contact de tous les étages du Crétacé, et même quelquefois au contact de l’Éocène, c’est un problème tectonique, naguère insoupçonné, et d’une ampleur déconcertante, qui se dresse maintenant devant les géologues. L’intervention fortuite et momentanée de Marcel Bertrand dans la géologie de cette contrée a été le signal du renouvellement presque complet des idées que l’on s’en était faites ; et c’est ainsi que cet homme ne peut toucher, même négligemment, à aucun sujet, sans l’éclairer d’une lumière nouvelle, tellement vive que, à côté d’elle, les anciennes façons d’expliquer et de comprendre font l’effet de la pauvre flamme fuligineuse d’une lampe de mine brusquement transportée dans le grand jour extérieur.

Au commencement de l’été de 1897, nous le retrouvons dans les Alpes bernoises, explorant, en compagnie de M. Golliez, la zone de contact des hautes Alpes calcaires de l’Oberland et des chaînons schisteux qui les bordent au nord. Le problème qui se pose ici est analogue à celui que M. Schardt, cinq ans auparavant, a posé dans les Préalpes : la région schisteuse, sous laquelle, le plus souvent, les calcaires de la haute chaîne s’enfoncent, a-t-elle ou n’a-t-elle pas de racines ? Ou encore, pour parler comme on parlera plus tard, le bord septentrional de l’Oberland bernois est-il, ou non, pays de nappes ? Personne jusqu’ici n’a énoncé la question d’une façon aussi précise ; personne surtout n’a vu jusqu’où elle porte, et à quel point elle se confond avec la question du pli, unique ou double, de Glaris. Après quelques semaines de courses, Marcel Bertrand est convaincu. La région schisteuse n’a pas de racines ; et cela entraîne, sinon néces-