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eussent été, lentement, proférés à nos oreilles par « la voix qui sort des choses ». Faut-il donc croire que Marcel Bertrand ait eu le pressentiment de la particulière brièveté de ses jours ? Certes, ce pressentiment pouvait très bien s’accorder avec sa gaieté et son entrain habituels. Qu’elle lui fût familière ou non, la pensée de la mort n’était pas capable de l’épouvanter, ni même de l’assombrir ; et j’ai souvent été frappé, bien avant sa maladie, du peu de confiance qu’il manifestait dans la durée de la vie humaine.

En octobre 1896, un nouveau triomphe l’attend ; et c’est en Algérie, à la Réunion extraordinaire de la Société géologique. Il vient de signaler à ses confrères, dans une des excursions dirigées par M. Ficheur, la singulière analogie de faciès entre certains terrains dolomitiques, argileux et gypseux, rapportés hypothétiquement à l’Éocène, et le Trias classique de la Provence. On lui dit que, dans les terrains en question, un jeune professeur, M. Goux, a récemment trouvé quelques fossiles. Marcel Bertrand demande aussitôt à voir ces fossiles, et il entraîne la Société au Lycée de Constantine ou ils ont été déposés. Les fossiles sont des Myophories certaines, qui démontrent l’âge triasique et prouvent que les analogies de faciès avec le Trias provençal n’étaient pas trompeuses. Mais Marcel Bertrand ne se contente pas pour si peu. Il décide un grand nombre des géologues présents à l’accompagner jusqu’au gisement même des Myophories, et là, dans cette promenade au Chettaba, devant l’amplitude que prennent les affleurements triasiques et devant l’étrangeté de leurs relations avec les autres terrains, il se laisse aller à pronostiquer la grande extension du Trias dans toute l’Algérie et dans toute la Tunisie, à prédire que l’immense majorité des gisements de gypse et tous les gisements d’ophite de l’Afrique septentrionale seront bientôt réputés triasiques, à annoncer enfin que