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les folles extases de l’amateur. Voici la première :

Il y a deux ou trois jours seulement que, parcourant le premier volume des œuvres inédites de Jean-Jacques, publiées dans le temps par M. de Musset-Pathay, je tombai sur une lettre adressée de Motiers-Travers au libraire Duchesne, le 20 janvier 1763, et vers la fin de laquelle Rousseau écrivait ce qui suit : « Voici des articles que je vous prie de joindre à votre premier envoi :

« Pensées de Pascal, Œuvres de La Bruyère, Imitation de Jésus-Christ, latin. »

Ce fut d’abord là, pour moi, un trait de lumière. Il devenait évident que l’attention particulière donnée par Rousseau à l’Imitation de Jésus-Christ ne datait que de son exil, époque à laquelle il avait cherché sans doute, dans cette lecture, quelque consolation à ses malheurs. Mais la plupart de ses œuvres avaient alors été livrées au public, et c’est là ce qui expliquait, de la manière la plus concluante, le silence qui, dans le temps de ma découverte, nous avait tous si fort étonnés. Musset-Pathay avait, lui, complètement perdu de vue la pièce inédite qu’il venait pourtant de publier tout nouvellement.

Voilà pour ce qui concerne principalement la partie bibliographique de cette lettre ; mais voilà maintenant aussi, Madame, ce qui tient plus particulièrement à cette vie, à cette animation morale que chacun qualifiera comme il voudra, mais que je fais entrer, moi,