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Mais la Titane ne se laisse pas convaincre. Jupiter alors se met lui-même sur les rangs. Il a, lui, mieux que la Coupe, et la Lyre, et l’Arc, et l’Épée : il a la Foudre ; et c’est Vulcain, son fils, qui l’a faite pour lui. Mais la Titane ne veut pas du tyran. Et elle hésite toujours.

Cependant, ce nom de Vulcain, revenant sans cesse, a intrigué Vénus. Quel est donc ce merveilleux ouvrier qui a fait tant de choses et qui ne se montre point ? Mercure consent à satisfaire sa curiosité en l’amenant dans la forge de Lemnos. Là, le grand forgeron dit à Vénus sa solitude, sa tristesse, son labeur. Il lui dit aussi son remords d’avoir cloué Prométhée sur le Caucase, et son amour pour les hommes, et comment il a inventé pour eux les arts du feu. Et Vénus le plaint et l’admire, mais elle n’est pas encore conquise, car elle le croit indifférent. Vulcain la détrompe : il l’a vue sortir de la mer, et il l’admire depuis lors. Mais pour prouver son amour il n’a point parlé : il a agi. Il vient d’inventer pour elle les joyaux. Il les étale devant Vénus, et elle est éblouie :

Triomphe de la femme, ornements, pierreries !
Ô gemmes, diamants, joyaux, flammes fleuries !
Tant que nos cheveux d’or et nos yeux brilleront,