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Apollon, lui, se vante de faire oublier à l’homme tous ses ennuis avec la Lyre :

En elle sont la joie et le sanglot amer,
Et le tumultueux murmure de la mer.
Elle a dompté les loups. Elle a bâti des villes
Quand les hommes mortels formaient des troupes viles
Et servaient de pâture offerte aux crocs sanglants,
Et, pareils aux pourceaux hideux, mangeaient des glands.
J’ai la Lyre, par qui tout est orgueil et fête.
Et c’est Vulcain, le dieu de Lemnos, qui l’a faite…

Et Vénus hésite. Diane et Pallas viennent l’engager à conserver sa chasteté, à ne pas se laisser souiller par les embrassements d’un mortel ou d’un dieu. L’une exalte sa vie de chasseresse :

      … Je vis mêlée avec l’horreur des bois,
Et toujours mon grand arc parmi les feuilles sèches
Au but que j’ai choisi fait s’envoler mes flèches,
Car Vulcain de Lemnos, l’ouvrier diligent.
Sur sa pesante enclume en a courbé l’argent.

L’autre célèbre ses plaisirs de guerrière :

      … Quelquefois, l’airain d’un javelot,
Fendant les airs, m’effleure avec sa dent vorace,
Mais qui pourrait trouer ma brillante cuirasse ?
Elle brave la hache et brise le couteau ;
Vulcain l’a façonnée avec son lourd marteau…