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là, dans le poème, des choses peu antiques. S’il ne manque pas de vers directement inspirés d’Homère, il s’en trouve aussi dont Homère, ou tout autre ancien, eût pu difficilement avoir l’idée. Quand Vénus raille la « mine fatale » d’Apollon et de Bacchus, je crains que cette Vénus-là n’ait lu Antony et Marion ; et quand elle ajoute :

Attendez-vous…
Qu’au nom de cette faim si prompte à m’implorer,
Je vous donne à tous deux mon cœur à dévorer ?

j’ai peur que ces façons de s’exprimer ne soient moins grecques qu’espagnoles ou italiennes. Ajoutez que ces dieux sont bons prophètes : ils se prédisent l’un à l’autre le christianisme, les chemins de fer, les ballons dirigeables, et que sais-je encore ? Mais le charme du poème est tel, qu’on passe à l’auteur ces choses, et qu’on lui en passerait bien d’autres. Ce charme, j’aurai bien du malheur si une analyse (aussi brève que possible) entremêlée de citations (aussi longues qu’il se pourra) ne le fait pas sentir, au moins en partie.

Les dieux ont vaincu les Titans, amis des hommes. Ils règnent désormais sans conteste, et, du haut de leur Olympe, tyrannisent la nature. Le dernier des Titans, l’Amour, fils de la Nuit, a été