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nos idées noires. Il l’a dit un jour, en termes magnifiques :

Sans repos je me sais voué
Au dessein d’embraser les âmes.
Peut-être ai-je encor secoué
Trop peu de rayons et de flammes…[1]

Ce scrupule, il était bien le seul à l’avoir. Secouer plus de rayons et de flammes qu’il n’avait fait ! Il semblait que la chose fût impossible. M. de Banville a pourtant accompli ce miracle, en un poème récent, le Forgeron, — un chef-d’œuvre, et, je crois, son chef-d’œuvre.

I

Le Forgeron est un poème dramatique. Ce forgeron est Vulcain. La scène se passe sur l’Olympe, et les acteurs sont uniquement des dieux et des déesses. Sont-ce bien les dieux et les déesses des Grecs ? Sans doute. Seulement, M. de Banville les a, comme disait un jour Jules Lemaître, « polychromés »[2]. Et puis, il me semble qu’il y a, çà et

  1. Odes funambulesques.
  2. Les Contemporains, Ire série.