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C’est là une obsession bien naturelle, toute sympathique et humaine. Lisez les deux poèmes qu’elle lui a inspirés[1] (et qui resteront peut-être, avec le divin Manchy[2], ses chefs-d’œuvre). Vous n’aurez plus envie de reprocher à M. Leconte de Lisle sa froideur. Les admirables pages, toutes pénétrées de l’émotion et de la tristesse de la mort approchante ! — « Qui ? me direz-vous, lui qui l’a tant célébrée et invoquée ?

Et toi, divine Mort, où tout rentre et s’efface,
Accueille tes enfants dans ton sein étoilé…[3]

Il s’en émeut et s’en attriste à présent ? Cela prouve que La Fontaine fut un homme de sens et que l’histoire du bûcheron est toujours vraie. » — Ne souriez pas trop vite. Il se pourrait que vous fussiez injuste. Si le poète invoquait autrefois la mort, c’est, peut-être, qu’il la craignait déjà. Pourquoi la craindre ne conduirait-il pas à l’aimer ? Qui la craint y songe souvent ; et il n’est pas de songe continuel où l’on ne finisse par trouver une

  1. L’Illusion suprême… Si l’aurore
  2. Poèmes barbares.
  3. Dies iræ (Poèmes antiques).