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On peut trouver que Hiéronymus, l’Apothéose de Mouça-al-Kébir, le Lévrier de Magnus, sont des poèmes d’une longueur un peu disproportionnée à leur intérêt dramatique. — Puis, les vers, si âpres qu’ils soient encore, ont pourtant çà et là je ne sais quoi de moins arrêté, de plus libre, de plus aisé et de plus flottant (autant que ce dernier mot se peut appliquer à M. Leconte de Lisle). Me trompé-je, ou si vraiment quelques strophes de Mouça-al-Kébir font songer (d’aussi loin qu’on voudra, et avec une autre grandeur) à la manière cursive de M. de Banville ? — Ajoutez que le poète renonce souvent ici à sa gageure d’olympienne sérénité. Il laisse échapper ses véritables sentiments envers le moyen-âge chrétien :

Dans chacune de vos exécrables minutes,
Ô siècles d’égorgeurs, de lâches et de brutes,
Honte de ce vieux globe et de l’humanité,
Maudits, soyez maudits, et pour l’éternité ![1]

Et je ne sais si l’art y trouve son compte ; mais nous aimons à le voir s’abandonner un peu. — Enfin, la poésie personnelle tient dans le livre plus de place. Le poète vieillissant est obsédé par ses souvenirs d’enfance, et aussi par l’idée de la mort.

  1. Les Siècles maudits.