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Ce sont toujours les mêmes grands vers lents et rudes, plus fortement accentués et scandés qu’aucuns autres. — Ce sont les mêmes descriptions d’une splendeur précise. — C’est la même ménagerie. M. Leconte de Lisle est le grand animalier de la poésie française. Voici la Chasse de l’Aigle et l’Albatros après le Sommeil du Condor[1]. Voici le Requin (Sacra fames) après les Éléphants, le Jaguar et la Panthère noire[2]. — C’est la même philosophie morne aussi. La Lampe du Ciel répète la Chute des Étoiles[3].

Toujours, à jamais, éternellement,
Nuit ! Silence ! Oubli des heures amères !
Que n’absorbez-vous le désir qui ment,
Haine, amour, pensée, angoisse et chimères ?
Que n’apaisez-vous l’antique tourment,
Nuit ! Silence ! Oubli des heures amères !
Toujours, à jamais, éternellement ?

Mais, si fort que tout cela se rapproche de ce que nous connaissions, il me semble que les pièces nouvelles ont tout de même leur caractère et leur accent.

D’abord, elles sont moins fortement composées.

  1. Poèmes barbares.
  2. Poèmes barbares.
  3. Poèmes barbares.