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homme. La mode était aux impassibles. L’œuvre se ressent de leur influence. Il est plaisant de voir ce poète, le plus sensuel et le plus troublant qui soit, affecter la sérénité olympienne à ses débuts, et calquer docilement les professions de foi de M. Mendès :

Est-elle en marbre ou non, la Vénus de Milo ?[1]

Rien de moins verlainien aussi que ces longues tirades d’alexandrins dissertatifs (façon Hugo), ces étalages de noms barbares (Hugo encore, ou Leconte de Lisle) ; cette recherche de la rime très riche (Banville) ; ces pièces de sujet impersonnel, et même historique, comme la Mort de Philippe II. — Plus tard, le poète ne dira plus que ses rêves ; et il répudiera les procédés de ses maître comme trop grossiers. Déjà, dans les Poèmes Saturniens, on sent que cette lourde jonglerie de la rime riche le fatigue, que sa rapidité et sa mobilité de sensations s’en accommodent mal. Çà et là, il s’en tire par la première cheville venue, qu’il ne prend guère au sérieux :

Une connexité grandiosement alme,
Liait le Kchatrya serein au guerrier calme…

  1. M. Mendès avait dit :
    La grande Muse porte un peplum bien sculpté,
    Et le trouble est banni des âmes qu’elle hante…
    Pas de sanglots humains dans le chant des poètes !