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Je veux vous parler de nos poètes d’à présent, et de leur poésie. Et je le ferai avec des candeurs admiratives et des exclamations dont vous sourirez. Car je me sens, quoique j’en aie, fils du siècle où l’on s’est le plus exagéré l’importance et la « mission » des rimeurs. Quelque effort que je fasse, je n’arrive point à me persuader qu’ils ne soient pas plus utiles à l’État que les bons joueurs de quilles; et, encore que j’aperçoive clairement, à de certaines heures, la vanité, et la puérilité, si l’on veut, de leur besogne, il me suffit de les relire, pour être pris à nouveau, de la divine folie du rythme. J’ai été l’enfant que fut Ovide, lisant les poètes de Rome, et songeant à eux avec vénération, et les imaginant pareils à des dieux :


Quotquot erant vates, tot rebar esse deos…


Et l’homme ne s’est pas dépouillé tout à fait des illusions de l’enfant. En vérité, quiconque a fait