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des colonnes d’émeraude et des boiseries de santal, et beaucoup d’autres choses resplendissantes, monotones et inutiles. Et la route commençait à lui sembler longue, lorsqu’il arriva enfin au septième ciel.

Au moment où il entrait dans le jardin, son corps, qui était nu, se trouva tout à coup vêtu d’une longue robe de soie verte, et, dès ses premiers pas, il sentit que l’atmosphère seule pénétrait tout son être d’une béatitude divine.

Ce qu’est ce lieu, aucune langue humaine ne saurait le dire. C’est le jardin de délices, le grand jardin éternellement vert, que des rivières blanches arrosent de lait, et que des fleuves rouges arrosent de vin ; c’est la retraite apaisée et radieuse où le ciel n’est qu’un sourire, où le vent n’est qu’un parfum et où la terre n’est qu’une fleur ; c’est l’endroit unique qui comble avant qu’ils ne soient formés tous les désirs des yeux et tous les rêves de l’âme ; c’est la demeure bénie, ineffable et suprême, où celui qui s’est penché pour ramasser un caillou tient dans sa main une perle, où celui qui s’est arrêté pour écouter le gazouillement d’un oiseau entend la chanson d’un génie, où celui qui a levé le bras pour cueillir une grenade voit la grenade cueillie se