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écrivant qu’il y a grand plaisir à les voir, et que rien parmi nous n’approche de leur beauté. Malheureusement, comme un ange n’est point agité d’émotions diverses, on ne voit point non plus d’expressions différentes se succéder sur son visage ; et sa beauté immobile est plus semblable à celle d’une figure peinte qu’à celle d’un être vivant. En outre, comme dans l’âme de tous les anges habitent des vertus identiques, un charme identique aussi est répandu sur leurs traits, et il arrive qu’ils se ressemblent tous, et qu’après en avoir vu un on peut se dispenser de regarder tous les autres. Ils sont divisés en neuf chœurs, il est vrai ; mais rien n’est semblable à une Puissance comme une Principauté, et, quelque attention qu’on y mette, on n’arrive pas toujours à distinguer clairement une Domination d’une Vertu-des-Cieux.

Abd-er-Rhaman se fatigua de regarder toutes ces belles ombres. Il alla contempler Dieu, et s’en fatigua de même. Cela aussi était toujours la même chose ; et d’ailleurs, on ne voyait que très vaguement.

Ses frères les bienheureux l’occupèrent plus longtemps. Leur foule était curieuse, en effet, parce qu’elle était étrangement mêlée. S’il y en avait parmi eux dont le