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même à se sentir un peu lassé par tant de musique ; il lui semblait que si on eût interrompu le concert un moment, il en eût joui davantage ensuite. Mais le concert du paradis ne s’interrompt jamais : de loin en loin un chœur de chérubins se substitue à un chœur de séraphins ; des bienheureux viennent prendre la place d’autres bienheureux fatigués ; et c’est tout. Le nombre des exécutants reste toujours le même, et le bruit qu’ils font n’augmente ni ne décroît, car il serait peu séant de chanter tantôt plus haut et tantôt plus bas une gloire qui ne peut ni diminuer ni grandir, et d’adresser un hommage changeant à Celui qui ne change jamais. C’est le Zabour du saint roi David que les phalanges célestes chantent ainsi en chœur ; quand on est arrivé à la fin du vieux recueil, on revient tout de suite au commencement ; et il n’y a point de raison pour que cela finisse.

Le lieu, d’ailleurs, offrait d’autres ressources. Abd-er-Rhaman se mit à errer à travers le paradis, suivant des yeux les anges qui glissaient de tous côtés, légèrement vêtus de longues robes blanches, avec des ceintures d’or et des étoles vertes.

Les anges sont fort beaux, et le jésuite Crasset ne s’est point avancé trop en