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— Mon fils, lui dit l’iman, je te connais. Tu n’es pas un de ces musulmans livrés aux vices qui subiront pendant sept mille ans les tourments du Gehennam, avant de pénétrer dans le jardin des bienheureux. Tu ne t’es point adonné au vin ni aux autres boissons fermentées ; tu as observé les jeûnes, les prières et les ablutions ; tu as fait l’aumône aux prêtres et aux pauvres : tu jouiras de la récompense que tes œuvres t’ont méritée. Je te bénis au nom du Clément et du Miséricordieux, et de Mohammed qui est son prophète !

Et, avant de sortir, il étendit solennellement ses deux mains au-dessus de la face pâle et décharnée du mourant.

Pendant les heures qui suivirent, le vieux tâleb, qui s’affaiblissait de plus en plus, adressa tour à tour des prières ferventes à Aïssa et à Mohammed. Cette nuit-là, par un prodige unique, il eut vraiment deux croyances, absolues toutes les deux : car il ne les comparait plus et ne s’arrêtait plus à leurs contradictions ; il se contentait de songer séparément à chacune d’elles, et d’y adhérer de toutes les forces de son âme.

Un grand frisson le traversa, et il connut qu’il allait mourir. Il se souleva