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Mais les Français entrèrent un jour à Constantine, et ces nouveaux venus firent perdre à Abd-er-Rhaman toute la paix de son esprit. Son éducation les lui faisait haïr, et cependant on ne sait quelle sympathie l’attirait vers eux. Il apprit leur langue et lut leurs livres. Jusque-là, il avait cru au Koran d’une foi absolue ; même il avait à peine imaginé qu’on pût n’y point croire. Sans doute, il avait de tout temps connu des juifs ; mais les juifs n’étaient pas pour lui des hommes. Les chrétiens le troublèrent profondément. Leurs opinions s’emparèrent de sa pensée, et n’en sortirent plus. Chaque jour il conçut quelque doute nouveau ; et à la fin il ne resta presque plus rien en lui de la foi du temps jadis.

IV

Ce soir-là le vieux tâleb était plus que jamais tourmenté par ses doutes ; et c’est pourquoi le désir lui était venu de revoir la maison où, tout enfant, il avait commencé à apprendre la parole du prophète. Mais cette vue ne fit que l’attrister davantage, et, en reprenant sa marche, il ne