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II

C’était le soir d’un de ces jours-là. On était en décembre ; la nuit était tombée, et le temps était brumeux et froid. Pourtant le vieux tâleb Abd-er-Rhaman-Ben-Lounis se promenait seul, par les ruelles tortueuses du quartier arabe ; et il ne semblait pas qu’il se souciât du froid ni de la brume. Il allait lentement, le vieux tâleb, appuyé sur son bâton, son visage disparaissant à demi sous le capuchon du burnous, sa longue barbe grise tombant sur sa poitrine, pareil ainsi aux derviches qu’on voit dans les images. Les ruelles où il passait étaient étroites, raboteuses, mal ou point éclairées, avec des pentes subites et des angles brusques, tantôt couvertes et tantôt non. Çà et là, on distinguait de vagues formes blanches, accroupies dans l’enfoncement des portes ou couchées sur le rebord des hânoutts. Le vieux tâleb, marchant toujours, arriva à cette rue, parallèle au ravin, qui traverse le quartier dans toute sa longueur, et il la suivit ; mais après avoir fait quelques pas dans la direction de l’antique porte Bâb-el-Gebiâ, il s’arrêta devant une maison basse, blanchie à la chaux, ressemblante à toutes les autres.