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Si c’était Rodolphe

Un jeu de société qui fait fureur en ce moment, c’est le : Qui sera ministre ?

C’est passionnant comme le « puzzle », amusant comme le « diabolo » et plaisant comme le « ping-pong ». C’est plus qu’un casse-tête, c’est un case-tête.

M. Tout-le-Monde le joue à son bureau, au club, dans le tramway, dans la rue et ailleurs ; Madame a lâché le whist et à son « five o’clock » on ne parle plus que ministère. Chacun a ses petits pronostics, ses petits potins et sans avertir le Gouverneur — ô lèse majesté — on forme un cabinet.

M. Untel est financier : il va aux finances ; M. Chose, le journaliste, il fait dans les feuilles de chou, sa place est à l’Agriculture ; le poète Machin, le lettré, va tout naturellement aux Postes… pour ses lettres… et patati et patata.

Seul, un homme reste perplexe et c’est celui-là même qui doit former un ministère pour de bon. Qui mettre dedans, se demande-t-il, sans me faire mettre dedans ou plutôt dehors ?