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À bout portant

Le pauvre écrivain allait mourir de faim lorsqu’un petit héritage lui sauva la vie. Il mangea une moitié de son bien et versa l’autre à un imprimeur. Deux volumes, signés de son nom, furent bientôt mis en librairie, ils y restèrent faute d’acheteur.

Trois mois passés à l’hôpital ne rendirent point le jeune homme plus sage.

On était en pleine saison d’opéra.

— Mais la voilà, ma voie, pensa-t-il, on raffole de musique : je vais en composer. Trois opérettes refusées coup sur coup, calmèrent l’ardeur du jeune homme, qui ne se compta cependant pas pour battu. Il se mit professeur de piano.

Avec ses derniers sous, il fit un premier paiement sur un bel instrument, son imprimeur lui fit cadeau d’un cent de bristol et un peintre de ses amis lui fournit une enseigne.

Quinze jours plus tard une personne se présenta chez le jeune professeur. C’était un huissier.

Le malheureux voulut mettre fin à ses jours ; heureusement pour lui il n’avait pas de quoi s’acheter le moindre poison.