Ces propos incendiaires avaient attiré tous les buveurs de l’estaminet autour de lui. Fier de son succès, Laplume monta sur un banc et harangua les « libres citoyens ».
— « Les patrons ! On les connaît, ces détrousseurs du pauvre qui se font une couronne de son sang ».
La tirade était osée, mais personne ne s’en aperçut.
Laplume était lancé ; le whisky aidant, rien ne permit de croire qu’il pût tarir. Il ouvrit les écluses :
— Citoyens, nous en avons assez des despotes ; secouons le joug de la servitude et éventrons les coffres de nos tyrans…
Une salve d’applaudissements grassouillets — parce qu’ils étaient bien nourris probablement — partit des quatre coins de la salle. Laplume se versa un « schooner » et envoya le contenu de celui-ci rejoindre les petits verres dont il est question précédemment. Il continua :
— L’heure est proche, libre homme, où nous aurons le libre air ! Nous nous lève-