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calmer mes nerfs. »

— Ma mère sourit.

« Aujourd’hui, nous sommes tous plus ou moins comme Saül, c’est-à-dire que nous sommes tous parfois troublés par un esprit malin. »

Sur ce, son front s’assombrit et elle s’interrompit, car manifestement le souvenir de mon défunt père lui était venu à l’esprit ; puis elle ajouta, d’un air songeur…

« Et Saül était vraiment à plaindre. »

Je ne lui ai pas répondu. Je me demandais seulement pourquoi David avait trouvé grâce aux yeux de Saül. Était-ce parce qu’il était « roux, avec un beau visage et une belle apparence ? » Est-ce aussi pour cette raison que, dès que Jonathan le vit, « l’âme de Jonathan fut attachée à l’âme de David, et Jonathan l’aima comme son âme[ws 1] » ?

L’âme de Teleny était-elle liée à la mienne ? Devais-je l’aimer et le haïr, comme Saül aimait et haïssait David ? Quoi qu’il en soit, je me méprisais et je méprisais ma folie. J’en voulais au musicien qui m’avait ensorcelé ; surtout, je détestais la gent féminine, la malédiction du monde.

  1. Note de Wikisource. Cf. Bible éd. Second, 1910, 1er livre de Samuel, ch. 18, verset 1.