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sur la scène, s’inclinant devant le public, ses regards brûlants rivés sur les miens.

Je restais quelque temps dans mon lit, contemplant en somnolent cette douce vision, si vague et indéfinie, essayant de me rappeler ses traits qui s’étaient confondus avec ceux de plusieurs statues d’Antinoüs que j’avais vues.

En analysant mes sentiments, je me rendit compte qu’une nouvelle sensation m’avait envahi, un vague sentiment de malaise et d’agitation. Il y avait un vide en moi, mais je n’arrivais pas à comprendre si ce vide était dans mon cœur ou dans ma tête. Je n’avais rien perdu et pourtant je me sentais seul, abandonné, presque endeuillé. J’essayai de comprendre cet état morbide, et tout ce que je trouvais, c’est que mes sentiments étaient semblables à ceux du mal du pays ou du besoin de voir sa mère, avec cette simple différence que l’exilé sait quels sont ses besoins, mais pas moi. C’était quelque chose d’indéfini comme le Sehnsucht dont les Allemands parlent tant et qu’ils ressentent si peu.

L’image de Teleny me hantait, le nom de René était toujours sur mes lèvres. Je le répétais sans cesse, des douzaines de fois. Quel