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sentiments, des sensations ? »

« Eh bien, je ne sais pas vraiment… »

« Vous devez y croire », ajouta-t-il avec autorité. » Vous voyez que nous avons eu la même vision en même temps. La première chose que vous avez vue, c’est l’Alhambra, flamboyant dans la lumière ardente du soleil, n’est-ce pas ? »

« C’est vrai », dis-je, étonné.

« Et vous pensiez que vous aimeriez ressentir cet amour puissant et foudroyant qui brise à la fois le corps et l’âme ? Vous ne répondez pas. Puis vinrent l’Égypte, Antinoüs et Hadrien. Vous étiez l’empereur, j’étais l’esclave. »

Puis, d’un air songeur, il ajouta, presque pour lui-même : « Qui sait, peut-être mourrai-je un jour pour vous ! ». Et ses traits prirent ce doux air résigné que l’on voit sur les statues des demi-dieux.

Je le regardai d’un air perplexe.

« Oh ! vous me croyez fou, mais je ne le suis pas, je ne fais qu’énoncer des faits. Vous n’avez pas senti que vous étiez Hadrien, simplement parce que vous n’êtes pas habitué à de telles visions ; sans doute tout cela vous apparaîtra-t-il plus clairement un jour ; quant à moi, il y a,