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gémissement d’un espoir désespéré, puis le rythme toujours variant, de plus en plus rapide, devient “sauvage comme les accents des adieux des amants”, et sans rien perdre de sa douceur, mais en acquérant toujours une vigueur et une solennité nouvelles, le prestissimo, syncopé par des soupirs, atteint un paroxysme de passion mystérieuse, se fondant ensuite dans un chant triste, puis jaillissant dans le souffle effronté d’un hymne ardent et belliqueux.

Lui, par sa beauté et son caractère était la personnification même de cette envoûtante musique.

En écoutant son jeu, j’étais envoûté, mais j’avais du mal à savoir si c’était à cause de la composition, de l’exécution ou de l’interprète lui-même. En même temps, les visions les plus étranges commencèrent à flotter devant mes yeux. Je vis d’abord l’Alhambra dans toute la luxuriante beauté de sa maçonnerie mauresque, ces somptueuses symphonies de pierres et de briques, si semblables aux fioritures de ces pittoresques mélodies gitanes. C’est alors qu’un feu inconnu couvant commença à s’allumer dans ma poitrine. J’aspirais à ressentir cet amour puissant qui rend fou jusqu’au crime, à ressentir l’ardente luxure des hommes qui vivent sous le soleil brûlant, à boire à pleines gorgées