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un autre moyen de me débarrasser de cet horrible amour.

Notre femme de chambre s’étant récemment mariée, ma mère avait pris à son service, pour des raisons qu’elle seule connaissait, une paysanne de seize ans environ, mais qui, chose étrange, paraissait bien plus jeune qu’elle ne l’était en réalité, car, en règle générale, ces filles de village font beaucoup plus que leur âge. Bien que je ne l’aie pas trouvée belle, tout le monde semblait épris de ses charmes. Je ne peux pas dire qu’elle avait quelque chose de rustique ou de campagnard, car cela éveillerait immédiatement dans votre esprit une vague idée de gaucherie ou de maladresse, alors qu’elle était aussi enjouée qu’un moineau, et aussi gracieuse qu’un chaton ; cependant elle avait une forte fraîcheur campagnarde, et même, je pourrais presque dire, une acidité, comme celle d’une fraise ou d’une framboise qui pousse dans les taillis moussus.

En la voyant dans sa robe de ville, on avait toujours l’impression de l’avoir rencontrée un jour en haillons pittoresques, avec un bout de fichu rouge sur les épaules, et avec la grâce sauvage d’un jeune chevreuil debout sous des branches feuillues, entouré d’églantiers et de ronces, prêt à bondir au moindre bruit.