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ou comme un bébé qui, après avoir tété à satiété, s’étire goulûment à côté du sein de sa mère. C’était le lourd sommeil de la vie de luxure, et non le calme placide de la mort froide. Le sang, comme la sève d’un jeune arbre au printemps, montait à ses lèvres entrouvertes et boudeuses, par lesquelles s’échappait, à intervalles cadencés, un souffle chaud et parfumé, émettant ce léger murmure que l’enfant entend lorsqu’il écoute dans un coquillage, le son de la vie qui sommeille.

Les seins, comme gonflés de lait, se dressaient, et les tétons dressés semblaient réclamer les caresses dont elle était si friande ; sur tout son corps, on sentait un frisson de désir insatiable.

Ses cuisses étaient nues, et l’épaisse toison frisée qui couvrait sa motte, noire comme le jais, était parsemée de gouttes nacrées d’une rosée laiteuse.

Un tel spectacle aurait éveillé un désir avide et irrépressible chez Joseph lui-même, le seul Israélite chaste dont nous ayons jamais entendu parler ; et pourtant Teleny, appuyé sur son coude, la contemplait avec toute la répugnance que l’on éprouve à regarder une table de cuisine couverte des abats