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l’avait fait tout à fait m’oublier. Je le haïssais donc. Pendant un instant, j’ai eu envie d’être une bête sauvage, d’enfoncer mes ongles dans sa chair, de le torturer comme un chat le fait avec une souris, et de le mettre en pièces.

Quel droit avait-il d’aimer quelqu’un d’autre que moi ? Ai-je aimé un seul être au monde comme je l’ai aimé ? Pouvais-je éprouver du plaisir avec quelqu’un d’autre ?

Non, mon amour n’était pas une sentimentalité larmoyante, c’était la passion folle qui domine le corps et brise le cerveau !

S’il pouvait aimer les femmes, pourquoi m’a-t-il alors fait l’amour, m’obligeant à l’aimer, faisant de moi un être méprisable à mes propres yeux ?

Au paroxysme de mon excitation, je me tordais, je me mordais les lèvres jusqu’au sang, je m’enfonçais les ongles dans la chair, je criais de jalousie et de honte. Il s’en est fallu de peu pour que je saute du fiacre et que j’aille sonner à la porte de sa maison.

Cet état de choses dura quelques instants, puis je commençai à me demander ce qu’il faisait, et la crise d’hallucination