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dant quelque temps, il en eut assez il prit les pierres et les mottes de terre et les jeta de chaque côté de la charrue.

Le sillon creusé forme maintenant la rivière la Dendre, et les pierres et les mottes jetées sont les collines que l’on rencontre dans les environs d’Hekelgem, à trois quarts de lieue de la rivière[1].

D’autres prétendent que le sillon était tellement profond que le diable vit bien qu’aucune semence n’aurait pu y germer. Quelques-uns disent que l’eau, étant entrée dans le sillon, le diable fut forcé d’abandonner son labour.


Le Bourdon ardent (heete huzzel, horzel) de Lennick.

Le nom de Heeten Huzzel était donné à un homme d’une force peu commune, un domestique de ferme qui avait vendu son âme au diable. On raconte (à Lennick, Goyck, Leerbeek, Kaster) des histoires étonnantes à propos de cet homme. Il pouvait à son aise (op zyn honderd gemakken !), arracher les plus grands arbres, porter des sacs remplis de fèves, tellement pesants, que trois autres hommes ne parvenaient pas à les déplacer seulement ; oui, il pouvait arrêter un chariot attelé de quatre chevaux !

Un jour, il devait étendre, sur un champ, le fumier disposé en monceaux. Lorsque, le soir, le fermier, son maître, vint voir, il constata que le Bourdon ardent n’avait rien fait de toute la journée. Comme il grondait son ouvrier, celui-ci dit :

« Attendez ! »

Il se posta auprès d’un tas et ordonna :

« Chacun à son poste !… À moi le mien, à chacun le sien ! »

Et en un rien de temps, tout le fumier fut étendu !

Le fermier ne vit pas les aides du Bourdon ardent ; mais, sans aucun doute, c’étaient des diables ![2].

  1. Wolf, 288.
  2. Ces détails ont été recueillis à Leerbeek. À Lennick-Saint-