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Un chasseur entra dans sa maisonnette.

« Voulez-vous me donner à boire, ma vieille mère ? »

« Oh oui ! »

Et il but.

« Que vous avez l’air triste, ma bonne vieille ! »

« Oui ! mais il m’est défendu de vous dire pourquoi ; et puis, vous ne sauriez pas m’aider tout de même ! »

« Qui sait ? » répondit le chasseur. « Je dois cependant vous raconter l’aventure extraordinaire qui m’est arrivée dans la forêt, il y a un instant ; il se trouvait là un monsieur qui filait et qui chantait toujours :

« La petite femme, ne peut deviner mon nom et je m’appelle joueur de fifre ![1] »

Là-dessus le chasseur s’en alla.

« Cette fois, je devinerai juste ! » pensa la petite vieille.

Peu après le diable lui apporta le lin filé et il riait dans sa barbe :

« Allons, ma mère, devinez donc pour la dernière fois ! »

« Je pourrais bien deviner juste ! » répondit-elle.

« Un peu vite ! » s’écria-t-il avec impatience.

« Joueur de fifre ! »

Et le diable s’envola et elle fut sauvée.

L’argent qu’elle avait reçu de son lin, lui permit de vivre désormais à son aise.

Et si elle n’est pas morte, elle vit encore[2] !

  1. Fijfelaar ! dans une variante (Volksleven, V, 14), il s’appelle Mispelsteertje = Queue de nèfle !
  2. Joos, I, 51. Voy. Grimm, Myth. I, où l’on trouve quelque chose d’analogue : il s’agit de saint Olaf. Le diable y porte le nom de « Wind und Wetter » et l’auteur ajoute : « Mit des bösen Geistes Namen vernichtet man seine Kraft, » (au moyen du nom de l’esprit malin, on détruit sa force). Voy. aussi ’t Daghet 1888, 184 ; on y donne au diable le nom de Kadullekes ! — Voy. encore Joos, I, Duivel en Wever ; Joos, I, et Joos, III : Duivel en Mulder ; — Joos, I, 52, Duivel en Jager ; — Joos, III, 35, Duivel en Boer ; — Volksleven, III, de Duivelstoren ; — Volk en Taal, II, 33, Duivel en Mulder ; — Idem, II, 134. Smidje-smee