Page:Teirlinck I., Le folklore flamand, vol. 1 - Folklore mythologique.pdf/93

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 86 —

sa femme), par un ingénieux stratagème, était parvenu à tromper l’architecte infernal. Un exemple :


la grange du diable à hamelgem.
(De Duvelsschuur te Hamelgem).

À la ferme de Hamelgem, située au hameau d’Ophem[1], vivait un paysan qui, depuis longtemps, désirait bâtir une nouvelle grange, mais n’avait pas réussi à réunir l’argent nécessaire. Un jour, il revint à la ferme avec une si ample moisson qu’il ne sut réellement où mettre les gerbes. Il s’écria imprudemment :

« Je donnerais bien mon âme au diable, s’il voulait me construire, avant demain matin, une nouvelle grange ! »

Et voilà que le diable se montre et lui dit :

« J’accepte la proposition ; cette nuit, je construirai une grange. »

« Et vous voulez mon âme ? » demande le fermier.

« Oui !… Ne l’avez-vous pas proposé vous-même ? »

Le paysan réfléchit une minute, puis il dit :

« Et si je vous donne l’âme de mon fils aîné, est-ce bien aussi ? »

« Certainement ! L’une âme vaut l’autre ! »

L’accord fut conclu. Une seule condition fut imposée cependant au diable : la grange devait être achevée avant le chant du coq !

Mais la fermière qui avait entendu la conversation, résolut de sauver son fils.

Elle n’en dit rien à son mari et se mit au lit comme d’habitude. Pendant la nuit, elle se leva doucement et alla voir où en était le travail.

Des centaines de diables étaient occupés et travaillaient ferme. Les murs se dressaient et on était en train de mettre le

  1. Dépendance de la commune de Brussegem. Lire un article de Pol de Mont sur les édifices du diable, dans la revue Volkskunde, II, 177 : Heidensche Reuzen in Christene Duivels vermomd.