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récompense désirée ardemment. Le troc est-il accepté, un contrat est rédigé et signé du sang de l’homme qui vend son âme. Cela se passe ordinairement à l’heure de minuit, dans un endroit écarté, souvent à un carrefour ou au cimetière. Celui qui a l’intention de vendre son âme au diable, vient au rendez-vous avec une poule noire[1] et reçoit, dans une petite boîte, une image de cire que personne ne peut bien décrire parce que peu l’ont vue (en Flandre orientale, Segelsem, etc. on l’appelle galgenaas[2] ; en Campine poepeken, poppeken, petite poupée). Toujours, il porte cette boîte sur lui et celle-ci lui fait faire, lui fait obtenir tout ce qu’il désire ; il peut faire des prodiges, car tous les diables sont ses humbles serviteurs. Ceux qui font ce pacte avec le malin, sont ordinairement des misérables et des malheureux ; souvent des domestiques qui errent comme loups-garous le soir et la nuit ; parfois un fermier, un industriel, un menuisier, un maréchal-ferrant qui, par ruse, parviennent à tromper leur nouveau maître et à sauver leur âme.

Dans certains cas, le diable se montre dans les cabarets où il remplace le quatrième joueur attendu mais non venu. On l’a vu au bal où il danse avec des filles qui, depuis lors, lui appartiennent. C’est pourquoi les paysans prétendent qu’il est très dangereux de jouer ou de danser avec des étrangers ou des inconnus.

On le voit aussi, promettant et procurant un fils à des mariés sans enfants, à la condition d’être maître absolu de ce fils, après une période déterminée d’avance (après 5, 10 ans, etc.)[3].

Dans certaines sagas, le diable pose ses griffes sur un mur, sur une pierre, sur une porte, et l’empreinte noire qui reste, est ineffaçable.

Un homme peut être possédé du diable ; il commet alors

  1. Volkskunde, II, 239.
  2. Ce mot n’a donc pas le sens donné par la plupart des dictionnaires : galgenaas = gibier de potence.
  3. Volkskunde, 1890, 110.