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Mais le sacristain qui était nageur habile, se trouvait déjà près du bord et répondit :

« Monsieur le curé, faites cela vous-même ; moi, je me tiens à l’herbe[1] ! »

Et il sortit de l’eau.

Mais le curé se noya !

(Sottegem.)

histoire d'un curé qui ne savait pas le latin.

Il y avait, dans certain village, un curé qui, dans ses sermons, n’employait jamais un mot de latin.

« Notre curé ne sait pas le latin ! » disaient les paysans ; « c’est sûr ! sinon il le ferait bien entendre en chaire… Puisqu’il ne sait pas le latin, — qu’il quitte la paroisse ! »

Cela donna des soucis au curé.

Un jour qu’il faisait une promenade avec son sacristain, qui était un fin matois, un lièvre passa devant eux :

« Hazera loopa ! »[2] dit le sacristain.

« Ça, c’est du latin ! » pensa le curé ; « je le retiendrai ! »

« Ekstera booma ! »[3] dit le sacristain en montrant une pie sur un arbre.

« Ça, c’est encore du latin ! » pensa le curé ; « je le retiendrai aussi ! »

Un peu plus loin un veau tomba dans un fossé.

« Kalvera kwakku ! »[4] dit le sacristain.

« Je connais déjà beaucoup de latin », pensa le curé ; « attendons à dimanche ! »

Arrivé chez lui, il annota soigneusement les mots que le sacristain lui avait appris.

  1. « Mijnheer de paster, houd gij zelfmaar aan uw geloove : ik houd mij aan ’t gès ! » Voy. aussi Volkskunde, 1894.
  2. Transformation des mots haas, lièvre, loopen, courir.
  3. Ekster, pie ; boom, arbre.
  4. Kulf, veau ; kwak ! onomatopée : bruit d’une chose qui tombe à l’eau.