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Lucifer même, parvient à tromper aussi le portier du ciel.

Voici ce joli conte :


maréchal-petit-maréchal[1].

Maréchal-petit-Maréchal était autrefois très riche : il avait des ouvriers par douzaines et gagnait de l’argent par monceaux.

Maintenant il était pauvre : plus d’argent, plus d’ouvrage, plus d’ouvriers, plus de charbon, plus de fer — plus rien !

Un jour qu’il regardait tristement au-dessus de la demi-porte[2] de la forge abandonnée, il pensa :

« Pour redevenir riche, je vendrais bien mon âme au diable ! »

Et voilà le diable devant lui :

« Voulez-vous faire ce que vous pensez là ? »

« Mais oui ! »

« C’est entendu ! Vous m’abandonnez votre âme et moi, je vous donner du fer — assez pour donner du travail à douze ouvriers pendant douze ans ! »

« Bon ! »

Le diable disparut. Et voilà qu’un grand, grand chariot, attelé de quatre noirs chevaux et chargé de fer, s’arrêta devant la forge.

Et Maréchal-petit-Maréchal redevint riche.

*
* *

Un jour Notre-Seigneur et saint Pierre passèrent par là et s’arrêtèrent devant la forge : l’âne du Christ devait être ferré.

Maréchal-petit-Maréchal se mit à l’œuvre et en un rien de temps les fers furent remis.

« Combien ? » demanda le Seigneur.

  1. Voy. Monseur, Misère et Pauvreté, Folklore wallon, p. 56.
  2. Une porte dont la moitié supérieure peut s’ouvrir, l’inférieure restant fermée : Halfdeur.