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Les Nekkers habitent les ponts, les marais, les étangs, les ruisseaux, les rivières, l’Escaut. Ils quittent leur palais aquatique ordinairement pendant la nuit, parfois pendant le jour.

Ils appartiennent au sexe masculin ou féminin et prennent souvent la forme humaine. On en a connu qui avaient la forme d’un chapeau à trois pointes. On les trouve parfois dans une boîte, placée sur le bord d’un ruisseau ou d’un étang, d’où ils sortent, si elle est ouverte par un passant ; ou ils se montrent, chargés de chaînes, et ils entraînent avec eux, au fond de l’eau, les malheureux qu’ils rencontrent[1].

C’est ce que l’on croit dans la Flandre occidentale.

Dans les Campines anversoise et limbourgeoise, les mères font peur à leurs enfants qui aiment à jouer sur le bord de l’eau, en disant que l’homme au crochet les saisira : Manneken-haak est noir, est caché entre les joncs et il entraîne, au moyen de son crochet, les enfants au fond de l’eau. Après, il leur suce le sang et emprisonne leur âme dans une cruche dont l’ouverture est dirigée vers le bas. Si cette cruche est renversée, l’âme devient libre. Quelques-uns prétendent que les noyés doivent filer, jusqu’à leur délivrance, du lin emmêlé.

Le Nekker aime, par hasard, à lutiner.

Ceci est arrivé à Niel, sur le Rupel :


Un aide-batelier avait reçu la permission d’aller visiter les siens qui demeuraient de l’autre côté de l’eau. En partant, il dit à son maître :

« Baas, cette nuit, à mon retour, je vous appellerai ; venez alors me chercher. »

La nuit, le batelier fut réveillé par des cris qui venaient de la rive. Il sortit de son lit, sauta dans la barquette et rama vivement vers le bord. Tout en ramant, il pensait à ses

  1. Serrure, Konst- en Letterblad, III, 43.