Page:Teirlinck I., Le folklore flamand, vol. 1 - Folklore mythologique.pdf/141

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 134 —

Il tourna la tête et rendit l’esprit.

Depuis lors le malheureux maudit erre, sans trêve, dans les forêts. La nuit, on l’entend crier lamentablement :

« Jakko ! Jakko ! » et la contrée répercute la rumeur et les cris des chiens.

D’autres prétendent que le fils fut changé en oiseau de proie et que c’est sous cette forme qu’il vole de tous côtés ; il attaque les hommes, les animaux, et crie toujours :

« Jakko ! Jakko ! Jakko ! »

Il y a quelques années on a détruit les forêts de Wijnendaal et le chasseur éternel est allé plus loin[1].


Dans les environs de Louvain on raconte :


« Un vieux mendiant, qui traversait un soir les champs, entendit une belle musique dans les airs. Regardant en haut, il découvrit un grand nombre de formes humaines qui voltigeaient au-dessus de lui. Ne sachant que faire, il jeta, à tout hasard, son bâton dans l’air. Le bâton resta quelque temps en haut ; puis il retomba couvert de griffades et d’éraflures. Le mendiant entendit une voix qui cria :

« Si vous n’étiez pas un de mes bons camarades, vous recevriez autant de coups de griffe que votre bâton. »

C’était la Tilkesjacht qui traversait les airs[2]. »


À Anvers, la Wilde Jacht s’appelle encore Doodenheir (Armée des morts) ; celle-ci ne se montre dans l’air que dans la période de Saint-Bartholomé, à la Fête des Trois-Rois et pendant la nuit qui précède Pâques.

Il y a aussi des sorcières qui voltigent dans l’air et y font de la musique. Le Muziekberg, près de Renaix, est ainsi

  1. Serrure, Kunst- en Letterblad, 1841, p. 68 ; — Wolf n° 260.
  2. Volksleven, II, 9. Ici, les Tilkesjagers ne diffèrent pas des Bokkenrijders. Voy. aussi : Volksleven, II, 76 ; — ’t Dagnet, I, 1885, 167, 191 ; — Gittée, Vraagboek, 42 ; — De Bo, 1241.