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Les Bokkenrijders formaient anciennement, une bande de voleurs et d’assassins. Vers 1773, on pendit à Valkenburg et dans les environs deux cents Bokkenrijders.

La saga suivante nous vient de Hechtel :


Le fils d’un brasseur de Hechtel se rendit un soir à la brasserie pour allumer le feu, lorsqu’il rencontra deux de ses voisins qui lui demandèrent de jouer aux cartes avec eux, dans certain village et certaine maison qu’ils indiquèrent. Ils étaient à cheval et lui dirent de se mettre derrière eux, ce qu’il fit. Les voilà chevauchant dans l’air ! Ils arrivèrent à un château, et chevaux et hommes y entrèrent par la cheminée. Au coin du feu se trouvait une personne et les voisins enjoignirent au brasseur de la tuer : Ce qu’il ne voulut point faire, car maintenant il était convaincu que ses voisins étaient des Bokkenrijders. Il fit semblant de devoir satisfaire un besoin naturel ; il parvint ainsi à quitter le château et il s’enfuit à toutes jambes. Ne sachant où il était, il monta sur un arbre et il découvrit, à quelque distance un voiturier qui conduisait une charrette. Il se rendit auprès de cet homme et lui demanda le chemin vers Hechtel ou une des villes environnantes qu’il nomma. Mais le voiturier n’avait jamais entendu parler de ce village ni de ces villes. Il conseilla au brasseur de l’accompagner jusqu’à une auberge non éloignée ; ils y allèrent, mais là aussi on ne savait rien de Hechtel ni des environs.

Par hasard sept curés devaient se réunir ce soir dans cette auberge ; les six premiers interrogés, ne savaient rien non plus ; mais le dernier arrivé, le septième, avait entendu parler de Hechtel ; il indiqua la route sur un morceau de papier et recueillit quelque argent auprès de ses confrères. Il le donna au brasseur qui, le lendemain, se mit en marche. Le 99e jour, le malheureux arriva à Hechtel. Pendant son absence, ses parents avaient fait démolir la brasserie, afin de s’assurer que leur fils n’y avait pas été tué et enterré.