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roulant dans l’herbe et riant aux éclats. Il prend aussi la forme d’un chat aux griffes puissantes, d’une brebis, d’une grenouille, d’une chauve-souris, d’un serpent.

On le reconnaît encore à son cri : « Kludde ! Kludde ! » d’où lui vient son nom, dit-on.[1] Il est précédé de deux flammes bleues qui courent devant lui et qui sont ses yeux. À Schelle, on prétend qu’il a une large tête avec des yeux proéminents.

Wolf raconte :


Deux jeunes gens retournèrent un soir chez eux en compagnie d’une jeune fille ; un des deux était l’amant, l’autre un camarade. Soudain l’amant dit :

« Camarade, arrête-toi : je vois quelque chose. »

« Que vois-tu donc ? »

« Kludde !… Regarde, un chien… il devient grand, grand !… Et maintenant très petit !… Un mouton… non, un chat… »

Et il continua de la sorte ; mais la jeune fille et le camarade ne voyaient rien. Celui-ci dit à la fin :

« Si tu le vois encore, montre-le moi : j’irai à lui ! »

« Eh bien, il court devant moi… là ! »

Le camarade alla dans la direction indiquée, mais ne découvrit rien.

Cela dura jusqu’à ce qu’ils arrivèrent à la maison de l’amant. Devant la porte se trouvait une dalle sous laquelle le père du jeune homme glissait d’habitude la clef pour ne pas devoir sortir du lit, quand le fils s’attardait au cabaret.

« Vous ne le voyez pas encore ? » dit l’amant. « Il est assis sur la dalle et veut m’empêcher de prendre la clef ! »

« Nous ne voyons rien, » répondirent les autres.

Là-dessus il prit la jeune fille sous le bras et dit :

« Viens, Mieke, tu as peur ; nous te conduirons chez tes parents. »

  1. Comp. avec Kleuter, Lodder des dictionnaires.