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dos de l’audacieux. Un curé vertueux du village parvint à le bannir pour une période de nonante-neuf ans, sur le bord de la mer, où il erre encore. — À Moerzeke, les villageois ont construit, au coin des rues, beaucoup de petites chapelles et ont chassé Osschaart par ce moyen. On raconte encore, dans beaucoup de localités, qu’Osschaart n’ose plus se montrer depuis que le curé lit, après chaque messe, l’Évangile de saint Jean, une prière apocalyptique de la plus grande vertu.

Une saga.


osschaart et le pêcheur.

Il y avait un pêcheur du nom de Blommaert, qui demeurait sur le Kauter, à Kieldrecht, et qui n’avait pas de femme. Il ne possédait qu’une barque, un filet et une petite chaumière. Lorsque le soir l’homme revenait avec les poissons pris, il les jetait dans une cuve d’eau, placée à côté du foyer, près de la fenêtre.

Chaque matin, en se levant, il constatait que des poissons manquaient ; en outre, quelqu’un avait remué les cendres du foyer, sans doute pour y rôtir les poissons sur les charbons incandescents. Le pêcheur se mit aux aguets, et reconnut bientôt que le voleur était Osschaart. Il tachait de ne plus y penser lorsque, le lendemain matin, il s’aperçut, à son grand chagrin, que certains poissons manquaient encore et avaient été rôtis sur les charbons ardents. Comment faire pour déshabituer Osschaart de commettre ces larcins nocturnes ? Une idée vint au pêcheur : il couvrit le feu de fiente de cheval et cacha les ordures au moyen d’un peu de cendres.

La nuit, Osschaart revint comme d’habitude et dit en entrant :

Blommeken[1], — Vischkens braaien ! Blommeken, — rôtir des poissons !

  1. Diminutif de Blommaert.