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Sa forme. — Elle est variable ; car il change de forme à volonté. C’est, comme le Kludde brabançon, une espèce de Protée flamand. Cela le distingue du loup-garou. Ainsi, Osschaart est loup avec des poils longs et raides, chien noir, veau difforme, ours hideux, cheval ou âne, parfois homme démesurément grand.


Ses actions. — À vrai dire, Osschaart n’est pas un esprit méchant ; c’est plutôt un lutin qui aime à tracasser les personnes attardées et se fait porter par elles. Les ivrognes surtout ont à souffrir : il leur met les griffes dans la nuque, pèse fortement sur leurs épaules, leur brûle, de son haleine ardente, la peau des joues, les importune de son odeur repoussante et nauséabonde. Si le malheureux qui le porte, tombe de fatigue, il est obligé de se relever avec son fardeau et de marcher, de marcher jusqu’à ce qu’il arrive à un carrefour, ou qu’il aperçoive un crucifix ou une image de la Vierge.


Son temps. — Comme le loup-garou, Osschaart doit finir son temps (zijnen tijd uitdoen), c’est-à-dire errer la nuit pendant sept ans (d’autres disent vingt ans ou toute sa vie). Il met une peau lors de ses expéditions nocturnes ; si quelqu’un trouve cette peau et parvient à la brûler, Osschaart est sauvé. Pendant cette opération, il hurle de douleur. Lui-même n’est pas en état de brûler sa peau, ni de montrer où elle est cachée.


Moyens préservatifs. — Le signe de la croix, un carrefour, un crucifix, une image de la Vierge ou d’un saint, le chassent. À Hamme, on le voyait souvent, non loin de l’église van de twee Bruggen. Quand un téméraire criait :

Grijpke, grijpke grauw, — Wilt gij mij grijpen, — Grijp mij nou !

Grippe, grippe-gris, — Voulez-vous me saisir, — Saississez-moi maintenant !

Osschaart venait à cet appel et enfonçait ses griffes dans le