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Leurs actions. — Le loup-garou ne fait pas grand mal à l’homme. Il court et rôde par les bois et les champs. S’il rencontre une personne attardée, il entre en lutte avec elle, ou lui saute sur le dos. Aucun effort ne peut lui faire lâcher prise, car il est comme cloué sur les épaules du malheureux. Quelquefois le loup-garou sait augmenter indéfiniment le poids de son corps, de sorte que celui qui le porte, transpire à grosses gouttes. Souvent il arrache, au moyen de ses dents, tous les boutons du pantalon et de la veste de sa victime. Le porteur devient libre, s’il arrive à un carrefour[1]. Le loup-garou s’acharne surtout sur les ivrognes qui, la nuit, rentrent un peu émêchés — et en cela, il fait bien !

Moyens préservatifs. — Le loup-garou ne sait rien vous faire, si vous avez le temps de faire le signe de la croix. S’il se trouve sur votre dos, vous vous en débarrassez de la même manière. Nous avons entendu raconter qu’un loup-garou fréquentait l’endroit, appelé Buikberg (hameau de la commune de Hoorebeke-Saint-Cornil) ; un des valets de la ferme qui se trouve là, le poursuivit une nuit avec un trident[2] ; une fois même il tira dessus avec un clou pascal[3] en guise de balle. Rien n’y fit. Ce valet en parla au curé. Celui-ci lui dit qu’il avait trop jasé sur le compte de ce loup-garou :


Gezwegen — gekregen ! Tu — reçu ou attrapé !


Ce qui veut dire, ajouta-t-il : Si vous vous étiez tu, vous l’auriez attrapé !

Un loup-garou fut tué à Schoorisse, à l’endroit « Het Foreest » au moyen d’une balle bénite !

  1. Le carrefour (kruisweg), chemin en forme de croix, joue un grand rôle en démonologie.
  2. Riek, fourche à trois dents avec laquelle on manie le fumier de ferme.
  3. Paaschnagel : un des clous du cierge pascal (Paaschkeers), cierge bénil du samedi saint.