Et le jeune homme se trouva en pays inconnu.
Et s’il n’est pas retourné chez lui, il y est encore[1] !
Un tisserand de Segelsem se rendit un jour à Renaix, très très tôt : il portait au fabricant[2] une pièce de toile.
Arrivé au Bois-du-Riz[3], il entendit une musique charmante.
Et il vit un homme qui jouait d’un orgue de Barbarie, et beaucoup de belles femmes qui dansaient en rond.
« Oh ! que c’est beau ! » dit-il à l’homme ; « permettez-moi de jouer un air ! »
Et le joueur le lui permit. La musique resta charmante et les jolies femmes dansaient toujours en rond.
Et notre tisserand, de plus en plus émerveillé, s’écria, en tournant la manivelle :
« Que c’est beau !… Jésus-Marie ! que c’est beau ! »
Mais à peine avait-il dit : Jésus-Marie ! que la musique et l’homme et les femmes, tout disparut !
Et le tisserand se trouva dans un champ d’avoine, occupé à tourner la queue d’un énorme chat noir qui criait :
« Miauw, miauw, miauw[4] ! »
- ↑ Variantes nombreuses : Volk en Taal, IV, 29 ; — Wolf, 469, 645 ; — Volkskunde, 1892, 12. — Autres sorcières-amantes : Volksleven, II, 8. L’énorme saut se retrouve dans : Van nen Duitschen schaper, Volk en Taal, III, 10. — Ce berger-sorcier revient dans : De schaper van Canegem, Wolf, 293.
- ↑ Il y avait, il y a encore à Renaix des fabricants de toile qui font tisser leurs pièces dans les communes environnantes.
- ↑ Bosch-te-Rijst. L’orthographe Bosch-ter-Heist nous paraît préférable, mais ce n’est pas la place de discuter cela ici.
- ↑ Cette saga est connue partout. Sorcières qui dansent, font de la musique, s’amusent au « sabbat » : Wolf, 464, 465, 466, 467 ;