Page:Teirlinck I., Le folklore flamand, vol. 1 - Folklore mythologique.pdf/111

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 104 —

de la potence, enfant du diable) ; il y en a qui croient que la plante provient du sperme des pendus. Celui qui arrache cette racine magique, tombe mort ; c’est pourquoi les sorcières font faire cette besogne dangereuse par un chien noir qu’ils attachent à la plante ; à l’heure de minuit, elles excitent l’animal qui, en voulant fuir, arrache la Mandragore et tombe comme foudroyé ; les sorcières ramassent alors, sans aucun danger, la racine convoitée, et l’emploient dans leurs breuvages[1].


4. Autres actions de sorcières.

— Elle peuvent se rendre invisibles ; elles s’enduisent, dans ce but, le corps d’un certain onguent (tooverzalf, heksenzalf).

Elles peuvent se rendre invulnérables.

Elles peuvent ouvrir les portes, entrer partout ; le chemin qu’elles suivent ordinairement cependant est la cheminée.

Elles connaissent les endroits où sont enfouis des trésors cachés ; elles savent comment il faut manier la baguette de noisetier (hazelroede), la baguette divinatoire[2]. C’est aussi au moyen de cette baguette qu’elles découvrent les sources cachées et les dépôts de houille souterrains.

Elles peuvent endormir les gens ; elles possèdent un doigt de voleur (dievenvinger) sur lequel neuf messes ont été dites ; dans ce but, le doigt est placé, à l’insu du curé, sur l’autel. Un doigt de voleur, consacré de cette façon, brûle comme une chandelle et, s’il est allumé dans une maison, tous les gens qui s’y trouvent, s’endorment profondément ; pendant ce temps, la sorcière fait main basse sur l’or et l’argent[3].

Elles possèdent un sou magique ou volant (hekepenning

  1. On rencontre encore des gens crédules qui portent des amulettes en racine de Mandragore.
  2. Reste des pratiques des Rhabdomanciens dont parle Tacite (de Mor. Germ.)
  3. Wolf, p. 365