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meetjes)[1], des femmes misérables, qui vivent solitairement dans une masure écartée et ne se montrent que vêtues de loques sordides. Elles mendient de porte en porte et reçoivent partout un morceau de pain, parce qu’on les craint. Elles n’ont pas d’autres caractères distinctifs, bien que l’on prétende que le curé possède le moyen de les reconnaître sûrement. Nous n’avons su découvrir ce procédé certain ; mais nous avons entendu dire souvent que la première personne rencontrée dans la rue, ou la première qui met le pied dans une maison ensorcelée, est la sorcière recherchée. En Campine, on dit :

« Suivez les traces d’une femme que vous croyez être sorcière ; si elle se retourne, c’en est une ; si elle ne se retourne pas, elle est innocente[2]. »

Les sorcières changent de forme, la nuit, quand elles veulent exercer leur art ou se réunir pour se divertir : ce sont alors des chats miaulants, des corbeaux ou des corneilles ; des pies, des poules noires, des crapauds ou des grenouilles ; parfois des lapins ou des lièvres qui ne peuvent être tués qu’au moyen d’une balle bénite (gewijden scheut, vrijkogel).


2. Ensorcellement.

— Quelles sont les personnes, les choses que les sorcières ensorcellent ou enchantent ?

D’abord et surtout les petits enfants : ils deviennent malades et meurent, ou gagnent un défaut physique incurable. Voici quelques maladies dues à un ensorcellement ; le rachitisme (vieil homme = oude man), la fièvre maligne, les convulsions, le mal caduc ; les poux et les puces ont également une origine magique[3].

  1. En Flandre occidentale, la période d’âge de 60-70 ans s’appelle Tooveressetientje, la dizaine des sorcières (De Bo).
  2. Anciennement, les sorcières présentaient, sur leur corps, des marques particulières (Stigma diabolicum = marque du diable ; on soumettait ces malheureuses à l’épreuve de l’eau (heksenproef, waterproef) ou à celle de la balance. Lire à ce sujet l’ouvrage intéressant de Cannaert, Oud strafrecht. Aussi : Volk en Taal, II, 163.
  3. Voy. De Cock, Volksgeneeskunde.