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par les fédéralistes-bakounistes connus sous le nom d’anarchistes. Mais si Marx ne fut pas content du résultat du congrès de 1872, Engels, au contraire, triompha, car depuis longtemps il méditait de provoquer une scission dans l’internationale. Imbu des idées rétrogrades que nous avons citées plus haut, Engels avait voué une haine implacable au parti fédéraliste-anarchiste, surtout aux membres de l’ « Alliance socialiste internationale ». Les fédéralistes dominaient dans l’internationale en Suisse, en Belgique, en Espagne, en Italie.

Engels, en sa qualité de membre du Conseil général de l’Internationale et comme membre correspondant pour l’Espagne, écrivait, le 24 juillet 1872, au conseil fédéral espagnol une lettre incroyable, dans laquelle il réclamait « une liste de tous les membres de l’Alliance » et qui se terminait par cette phrase : « À moins de recevoir une réponse catégorique et satisfaisante par retour du courrier, le Conseil général se verra dans la nécessité de vous dénoncer publiquement… » etc. (Voir Mémoire de la Fédération Jurassienne, page 250.) Engels écrivit cette lettre sans demander l’opinion des autres membres du Conseil. Le Conseil, sur l’avis de Jung et de Marx, ne donna pas suite à cette lettre, fameuse désormais.

La place me manque pour donner les détails des intrigues menées par Engels, Lafargue, Outine et tant d’autres contre les fédéralistes et contre Bakounine et James Guillaume spécialement. Disons seulement que ces intrigues amenèrent la scission de l’internationale qui eut lieu au congrès de triste mémoire de 1872. En général, on ne connaît pas beaucoup la manière dont ce congrès fut convoqué. Il suffit de dire que Marx et Engels donnèrent l’ordre au délégué Sorge, de la section allemande de New-York, de ramasser des mandats en blanc en aussi grande quantité qu’il pourrait. Sorge en apporta réellement beaucoup. Ils furent distribués à droite et à gauche aux partisans de Marx et d’Engels. Mais ce qui fut un comble, c’est que ces messieurs amenèrent avec eux comme membres du Conseil général de l’internationale