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partout d’accord avec les révolutionnaires ». Nous connaissons leurs « agissements d’accord » avec les révolutionnaires de la Commune de Paris. Voyons comment ils agirent avec les autres révolutionnaires.

En 1875-76, pendant la révolution serbo-bulgare, quand tout le monde sympathisait avec les insurgés, quand Gladstone et les hommes honnêtes de la bourgeoisie anglaise organisaient des meetings et des souscriptions au profit des insurgés, seuls les organes social-démocratiques firent une propagande nuisible à ceux qui combattaient pour leur liberté, en assurant aux ouvriers que la révolution était provoquée par le despotisme russe et au profit de ce dernier. La même infamie, ils l’ont lancée contre la malheureuse nation arménienne, massacrée par l’armée turque, laquelle est organisée et commandée par des officiers allemands[1].

Quand nos amis italiens ont organisé, en 1877, l’insurrection de Benevento, les social-démocrates à Berlin crièrent que Cafieror, Malatesta et leurs amis — parmi ces derniers se trouvait le héros de la révolution russe, Stepniak — ; étaient tous des agents provocateurs. La conduite de ces policiers amateurs de Berlin fut si révoltante, qu’un journal bourgeois observait que Liebknecht et Cie pourraient désapprouver l’acte, mais qu’il n’était guère honnête de traiter de malfaiteur et de provocateur Cafiero, qui, renonçant à une carrière brillante, sacrifia son immense fortune pour la cause de l’affranchissement social du peuple.

Ce fut surtout envers nous, les révolutionnaires russes, que leur conduite fut révoltante. De 1876 à 1881, à chaque attentat révolutionnaire, à chaque manifestation du parti de cette jeunesse héroïque, qui faisait l’admiration du monde civilisé, ces calomniateurs internationaux, avec une rage réactionnaire, vomissaient les plus stupides, les plus grossières injures.

Au commencement, nous, les proscrits russes, évadés de Sibérie et des prisons, nous protestions contre leurs attaques dans la presse socialiste ; mais, bien-

  1. Le « grand » Moltke fut l’organisateur ; Holz-Pacha et autres en sont les commandants.