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téristiques pour que je ne les mentionne pas ici. L’un, c’est leur éthique individuelle ; l’autre, leur conduite envers les révolutionnaires d’autre nationalité.

Fidèles à la métaphysique réactionnaire de Hegel, qui prêchait que l’individu doit se soumettre complètement à l’autorité de l’État et qu’il n’y a pas de questions de droit et de besoins individuels, les publicistes et les orateurs du parti prêchent aux ouvriers que l’individu n’a aucune signification dans l’histoire et dans la société, et que tous ceux qui pensent que la liberté individuelle et la satisfaction complète des besoins physiques et moraux de l’individu seront garanties dans la société future, sont des utopistes. Par conséquent, l’ouvrier doit savoir qu’il n’a qu’à se soumettre aux ordres… de qui ? — Ah ! de ces deux hommes exceptionnels, fondateurs du socialisme « scientifique », qui ont découvert la loi de la concentration du capital, la plus-value, la méthode dialectique, le matérialisme, le monisme, l’explication matérialiste de l’histoire, la tactique révolutionnaire par les voies légales, le communisme avec une « armée du travail spécialement pour l’agriculture », etc., etc… L’individu en général n’a aucune signification, mais Marx et Engels sont les deux exceptions du genre humain. Font aussi exception leurs héritiers : les Aveling et les Lafargue, ainsi que leurs héritiers d’adoption, Liebknecht, Bebel, Auer, Guesde, Plekhanoff et autres. L’ouvrier ignorant, le troupeau humain, composé d’insignifiantes nullités, doivent se soumettre et obéir à tous ces « übermenschen », ces êtres supra-humains… C’est ce qu’on appelle l’égalité social-démocratique et scientifique…

Et dire que de pareilles monstruosités sont débitées devant la société européenne, qui possède déjà l’ouvrage de J. S. Mill : Sur la Liberté, celui de Guyau : La Morale sans sanction ni obligation ; quand la philosophie moderne, d’après le professeur Wundt, demande à l’individu, non pas la soumission, mais bien la bonne volonté.

Le comble est leur conduite en face des actes révolutionnaires dans les autres pays. Leur « Manifeste Communiste » disait que « les communistes agissent