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que l’individu se soumettrait volontiers à tous les ordres et à tous les commandements des fonctionnaires de l’État. Voyons comment les législateurs de la social-démocratie prétendent organiser la distribution des produits du travail ainsi discipliné.

Le même Kautsky, dans le chapitre IX du même ouvrage : « Distribution des produits dans l’État futur », répondant aux objections des adversaires du socialisme, déclare :

« Nos adversaires devraient démontrer que l’égale rétribution est une conséquence inévitable du socialisme. » Je crois que les adversaires peuvent démontrer bien facilement à cet auteur et aux démocrates allemands que, hors l’égalité ou équivalence économique, il n’y a pas de socialisme et que le communisme, sous le drapeau duquel les élèves d’Engels prétendent se ranger, accepte comme principe fondamental : « De chacun sa volonté, à chacun selon ses besoins. » Mais Kautsky continue, au nom de la démocratie allemande, à enseigner aux ouvriers que dans leur État social-démocratique :

« Toutes les formes de salaire contemporain : rétribution à l’heure ou aux pièces ; primes spéciales pour un travail au-dessus de la rétribution générale ; salaires différents pour les genres différents de travail,… toutes ces formes du salaire contemporain, un peu modifiées, sont parfaitement praticables dans une société socialiste. » Ici il est nécessaire de ramener à la vérité ce philosophe du « socialisme scientifique ». Le système du salaire pourra fonctionner dans leur État social-démocratique, comme il fonctionne dans l’État exploiteur et capitaliste actuel, mais jamais dans une société socialiste. L’auteur et ses amis se trompent du tout au tout en croyant que leur État démocratique, militairement organisé avec le système de rétribution par salaire, l’appelât-on encore salaire qualificatif, a quelque rapport avec le socialisme. Ce dernier, d’après la conception des premiers préconisateurs du socialisme, affirme les droits de l’individu à la liberté sans restriction, au développement complet et harmonieux ;