Page:Tcherkesoff - Pages d’histoire socialiste, I, 1896.djvu/46

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 44 —

ristique des siècles derniers (?), et créa la méthode de raisonnement métaphysique. »

Cette affirmation d’Engels, plus cette autre également de lui que les doctrines évolutionnistes et transformistes, c’est-à-dire la science des naturalistes, dérivent de la philosophie de Hegel, ne sont ni plus ni moins qu’erreurs flagrantes et contraires à toute la terminologie scientifique. C’est Marx lui-même qui lui donne un démenti solennel :

« Dénoncée et renversée par le matérialisme français, la métaphysique du dix-septième siècle a eu sa revanche et sa restauration dans la philosophie spéculative allemande du dix-neuvième siècle. Depuis que Hegel a fondé son empire métaphysique universel, les attaques contre la théologie, analogues à celles du dix-huitième siècle, se sont renouvelées et sont dirigées en général contre toute la philosophie spéculative, contre toute la métaphysique. » (K. Marx, Sur le matérialisme français au dix-huitième siècle.)

La science n’est pas non plus coupable si Engels, plongé dans les absurdités métaphysiques, crut, jusqu’en 1842, que le monde, que la nature, cette belle nature vivante et vivifiante, était une expression de ses idées baroques. Car c’est à cette croyance métaphysique, que tout ce qu’il voyait ou lisait devait être un reflet de ses propres idées, qu’il faut attribuer son étrange manie de revendiquer la paternité des idées et systèmes élaborés par la science longtemps avant sa naissance.

Nous ne pourrions pas autrement expliquer ses prétentions ridicules, ses exposés fort peu scientifiques. Faut-il supposer qu’il ne soupçonnait même pas l’existence de toute cette littérature historique ? Dans ce cas… quel étrange « chef » de la science d’un parti scientifique !… Un exemple montrera la façon d’agir : Il ignorait complètement que l’idée principale de la doctrine athéiste de Feuerbach — que l’homme divinisa sa propre nature humaine dans ses dieux — était un lieu commun chez les philosophes et les publicistes français plus d’un demi-siècle avant la publication de l’ouvrage de Feuerbach. Dans les Ruines de Volney, nous