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dantes, selon M. Mulhall (op. cit., p. 24), fut quatre fois plus rapide que celui de la population en général. On constate qu’en 1840 sont morts 97.675 individus possédant moins de 2.500 francs, tandis qu’en 1877 ce nombre tombait à 92.447 ; cependant la population augmentait dans un rapport supérieur à 26 0/0.

Le nombre des magasins et des boutiques (Mulhall, Dictionary, etc.) augmentait comme il suit :

Années. Nombre
des boutiques.
Rentes en francs.
1875 295.000 357.500.000
1886 366.000 472.000.000


Accroiss. en 11 ans : 71.000 115.000.000

Il paraît donc que les grands magasins anglais analogues au Bon Marché et au Louvre n’ont pas décimé ces marchands parasites, ces petits capitalistes sur le sort desquels les orateurs marxistes pleurent si souvent, pauvres victimes dévorées, d’après leur prétendue loi, par les grands magasins[1].

Dans le nombre des établissements capitalistes par excellence, les banques, nous voyons le même accroissement. « Il y avait en Angleterre (1886) 140 banques en société avec un capital de 2 milliards 500 millions de francs et appartenant à 90.000 actionnaires. Nous ne comptons pas les 47 banques des colonies. » (Mulhall, op. cit., p. 66.)

De n’importe quel côté que nous envisagions la question, toujours et partout le nombre des exploiteurs augmente. Il faut être plus que naïf pour répéter l’absurdité que, le nombre de possesseurs du capital étant réduit par la loi fataliste à une minorité infime, la bourgeoisie se soumettra gentiment à l’expropriation votée par un parlement. Si en 1848 ils ont ensanglanté Paris en combattant les revendications socialistes du peuple, nous pouvons être certains d’avance de leur conduite future, car depuis leur nombre a triplé, et leur férocité n’a point diminué. La semaine sanglante de 1871 est d’un augure assez peu favorable pour les optimistes et les parlementaires…

  1. Il n’est pas douteux que le fait n’existe, mais il n’est qu’un des aspects d’un phénomène général de va-et-vient.